Enchantée ? | Pv Ed.

Serena venait de partir. Me laissant seule dans la collocation. Je poussa un long soupir et balança mes valises dans un coin de la pièce. Qu'importe si je provoquai du boucan. Qu'importe si je réveillais mes deux autres colocataires. J'examinai la pièce. Un appart' de richou, et c'était le cas de le dire. Canapés en cuir, écran plasma, cuisine de luxe, et j'en passe! J'espérais seulement que mes deux autres colocataires seraient aussi parfait que l'était cet appartement. Ça s'annonçait plutôt bien, car j'avais appris que c'était deux garçons. Au moins j'aurais de quoi occuper mes soirées. A moins évidement que je ne les trouvent pas à mon goût. Au pire, ce n'étaient pas les seuls garçons de l'académie. J'entendis quelques minutes après une porte qui grinça. Et vis un jeune homme s'approcher de moi, l'air pas très réveiller. Je le salua, ce qui changeait de mes habitudes.

" Je suis nouvelle, je m'appelle April. "

L'informais-je. La secrétaire m'avait informer que je devais prendre la place d'une fille qui occupait auparavant la chambre. Je me laissa tomber sur l'un des canapé de la pièce. Et continua a fixer l'homme, me noyant dans ses prunelles sombres. Il était plutôt mignon. La forme de ses muscles se devinaient sous son t-shirt, et cette pensée m'arracha un sourire quasi-invisible.

Le jeune homme se dirigea vers la cuisine et se servit un café. Il se présenta à son tour sous le nom d'Edward.

"Comment ça "froide" ? "

Lui demandais-je. Il avait éveiller ma curiosité. Que c'était-il passé ? Une engueulade ? Non. L'ancienne colocataire ne serait pas partie simplement à cause d'une engueulade. Ou peut-être que si, je ne la connaissait pas après tout. Donc je n'avais aucune raisons de m'intéresser à elle.

" Alors, je suis née à New York. Mais mes... parents m'ont envoyer en pension. D'abord à St Petersburg, puis à Atlanta... Bref, jamais au même endroit. Voilà, en gros. Et toi, tu viens d'où ? "

J'avais bloquer sur le mot "parents". J'avais bannis ce mot de mon vocabulaire il y a longtemps déjà. Mais je n'allais pas jouer la pauvre petite fille sentimentale et perdue, j'étais très bien comme ça. Je n'avais pas besoin d'eux.
Ed s'était installer sur le sofa, en face de moi.

(Désolée, c'est très court )

Comment lui dire que cette ambiance était de ma faute ? Que j'avais tué celle dont je tombais amoureux, qu'elle m'avais quitté il y a quelques mois de cela et que je n'arrivais pas à refaire surface. Mes nuits étaient tourmentées, la faim m'abandonnait mais mon tempérament de dragueur était toujours d'actualité pour sauver les apparences heureusement. J'esquivai donc sa première question pour répondre à la deuxième d'une voix calme :

- Je viens de la Big Apple aussi, dis-je en souriant, j'y ai vécu toute mon enfance et une bonne partie de mon adolescence. Mais la pression que mon père me faisait endurer a fini par me faire déménager en Floride, loin du froid du Nord.

Je repris d'une voix plus froide ensuite.

- Si je ne me trompe pas, je sens aussi que chez toi les relations sont plutôt... difficiles. Mais ne t'inquiète pas, la rassurai-je ensuite, ici tu pourras te former une nouvelle famille.

Je me levai et posai ma tasse sur le plan de travail et sans un mot de plus j'allumai la télé sur la chaîne des News, sans trop y faire attention pour le moment.

- Tu as déjà rencontré quelques personnes sinon ?

« Je viens de la Big Apple aussi, j'y ai vécu toute mon enfance et une bonne partie de mon adolescence. Mais la pression que mon père me faisait endurer a fini par me faire déménager en Floride, loin du froid du Nord. »

Me répondit-il. Frustrée, je remarquai qu’il avait ignoré une de mes questions.

« Si je ne me trompe pas, je sens aussi que chez toi les relations sont plutôt... difficiles. Mais ne t'inquiète pas, ici tu pourras te former une nouvelle famille. »

Je souris. Une famille… Je ne savais si je devais être heureuse ou indifférente à cela. Je n’avais jamais eu de famille et je n’éprouvais pas le besoins d’en avoir une. Ed alluma la télé. Les infos. Mon regard était posé sur la télé, sans que je suive vraiment ce que disait le présentateur. Je n’aimais pas son visage. Avec son stupide sourire commercial. Ed rompit le silence en me demandant si j’avais rencontré quelqu’un à l’académie.

« Oui. Serena, vite fait. »

D’ailleurs elle ne m’avait pas paru très sympathique. A vrais dire je n’avais pas arranger les choses.

Je fis rapidement la vaisselle laissée par les autres et, un verre à la main, je rajoutai :

- Tous ne sont pas comme elle. Je ne la connais pas vraiment. Encore une fois Gossip peut servir...

Mon attention se détacha juste un instant de ses yeux, juste une fraction de seconde où mon regard se tourna vers la télévision, où le reportage se faisait sur la grande autoroute de Miami, près d'un arbre défoncé, où l'on voyait clairement des traces d'une voiture sur le sol. Là où Hayden avait perdu la vie.

" Nous nous sommes déplacés jusqu'ici, sous le soleil de la côte sud-est, parce qu'il y aurait eu un meurtre en rapport avec les Bass, la très célèbre famille multimillionnaire de New York. Après analyse des restes de la voiture de la jeune Hayden Bell, on aurait découvert un sabotage, suivis d'un mot à l'adresse des enquêteurs expliquant que ce n'était qu'un début et qu'importe où il seraient, les Bass paieraient. La jeune femme n'était autre que la petite amie d'Edward Bass, fils et héritier du siège de l'entreprise. Ceci ne pourrait être que le début d'un règlement de compte entre riches famille de l'Upper East Side... "

Je serrai les poings très fort, tellement fort que j'entendis le verre se briser dans ma main ensanglantée. J'avais mal, mal au coeur et au corps, mais mon visage restait impassible, froid, comme j'avais appris à le modeler. Je lâchai les éclats coupants sur le sol, et regardai à nouveau April.

- Voilà pourquoi les relations sont froides ici, et qu'en plus c'est de ma faute. Tu vas avoir le terrible rôle de la remplaçante, de celle qui arrive quand tout va mal. Et vu les nouvelles, la tension va être au maximum.

Je tremblai, des mains surtout, tellement la haine, la tristesse et l'envie de vengeance m'emplissaient d'une folie incontrolable, dévastatrice. Le sang coulait sur mes doigts, contre ma jambe pour s'écraser sur le sol froid de l'appartement. Je devais rentrer à New York, loin d'ici, pour ne plus faire de mal à personne, pour ne risquer que ma vie et non celle des autres.

« Je suis désolé, je n'aurais pas dû réagir comme ça, mais ça fait jamais du bien d'entendre une nouvelle pareille... et ... Merci... pour ma main. »

J’hochai la tête, quelque peu indifférente, j’étais ailleurs. Je n’en revenais pas de m’être précipiter ainsi pour le soigner. Je serrai les poings. Tout cela n’était pas moi. J’étais en colère contre moi-même. Je ne devais pas m’occuper ainsi des autres. Je ne devais compter que sur moi-même. Si on prête trop attention aux autres, ils vous en demande encore et encore, et vous écrasent sans remords.

« Prend ça, ça te sera sûrement utile. Les rues de Miami sont parfois dangereuses, et je serais toujours dans le coin si jamais il y a un problème. »

Dit-il en me tendant un bout de papier. Son numéro de téléphone. Et puis quoi encore ? Que croyait-il ? Je n’étais pas une petite chochotte. Si jamais il arrivait quelque chose, je saurais très bien m’en tirer toute seule. Je n’avais pas besoins des autres pour me tirer d’un quelconque problème. Bien que son attention me touchait, je savais très bien que si quelqu’un me faisait du mal, je n’en parlerais à personne. L’air de rien, j’enfouis le bout de papier dans ma poche, un sourire forcé aux lèvres. Ed partit chercher de quoi nettoyer son sang et les débris de verres qui gisaient au sol. Sans lever la tête, il me demanda à quelle heure était mon prochain cours. D’après ce que j’avais retenue de mon emploi du temps, le prochain était à 16h.

« 16h, je crois. »

Je jetai un coup d’œil à la petite horloge qui était accroché au mur de la cuisine. Il me restait environs 10min pour me préparer. Je reporta mon regard sur Ed. J'eus un pincement au cœur en me rendant compte à quel point j'étais antipathique. Ce n'étais pas mon but d'avoir le rôle de la méchante mais j'avais tellement peur qu'on me prenne pour quelqu'un de faible que j'étais agressive avec tout le monde.

" Tu ferais mieux d'y aller, alors. Les couloirs sont longs et identiques, on s'y perd facilement."

J'acquiesçai. Quelque chose en moi se frustra. Qu'avais-je espéré ? Qu’il m’accompagnerait en me déroulant le tapis rouge ? Comme quoi, il ne fallais pas trop en attendre des gens. Non, je n’étais pas misanthrope. Quoi que, des fois je me le demandais. Quelque chose me répugnait chez les hommes, mais je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. Peut être était-ce à cause de ce qui c’était passer ce soir là… J’avais 10ans. Je revenais d’un anniversaire, toute joyeuse, inconsciente. Je marchai tranquillement dans la rue. Ma maison était à quelques minutes de là. J’observais du coin de l’œil le soleil se couchant. Une vision magnifique qui eue l’effet d’augmenter encore plus ma bonne humeur. Fredonnant un air que j’avais appris à l’école, je m’enfonçais dans la ville. L’obscurité envahissait petit à petit les lieux. Et je me pressais d’arriver à l’heure pour dîner à la maison. En effet, à cette époque, j’étais encore la petite fille innocente et joyeuse. La fierté de la famille. L’ange tomber du ciel. Mais cela n’avait pas duré. Je ne le savais pas encore mais au détour de cette rue, ma vie allait être radicalement changé. Cela faisait 10min que je marchais. Et je sentait mes petites jambes d’enfant se fatigués. J’aperçu une ruelle sombre, non loin de moi. Quelqu’un, dont je n’arrivais pas à mettre le nom dessus, m’en avait parlé. En l’empruntant, j’arriverais plus vite chez moi. Fort bien. Sans hésiter, je traversa la route et d’un bond, atterrit sur le trottoir. La ruelle était bien sombre. Je sentis ma bonne humeur s’envoler au fur et à mesure que j’avançais. Mais, je pris mon courage à deux mains et me lança dans la ruelle. Mes sandales claquaient délicatement contre le sol humide. Je ralentis le pas. Il m’avait sembler entendre d’autres bruits de pas. Je me repris, me disant que tout cela n’était que le fruit de mon imagination, me disant que cette rue était vide. « Clac, clac, clac… ». Bon, cette fois j’avais définitivement entendu quelque chose. Mon pouls s’accéléra. Je me retournai violement. Rien. Pas âme qui vivent. Je poussa un soupir agacé et pressa le pas. Avec mes stupides hallucinations, j’allais réussir à être en retard. Quelque chose se plaqua contre mes lèvres sans que j’eue le temps de faire quoi que ce sois. Je me débattis. Mais j’étais trop faible. Malgré l’obscurité qui régnait, j’eu le temps de voir le visage de ce qui m’avait attaquer. C’était le visage d’un homme. La cinquantaine. Un rictus aux lèvres, des rides sur le visage et une barbe naissante. Je n’eu pas le temps d’en voir plus. L’homme remonta ma robe. Ses doigts sales caressèrent mes cuisses sans que je réussisse à m’enfuir. Il m’insultait, m’ordonnait de me tenir tranquille. Ses bras puissants emprisonnaient mon buste. Tellement fort que je peinais à respirer. Je ne cessais de me débattre. Mais un corps d’enfant contre un corps d’adulte est beaucoup trop faible. Les doigts de l’homme remontèrent petit à petit. Un klaxon de voiture se fit entendre, à l’autre bout de la rue. L’homme, surpris, releva la tête. Ce moment d’inattention me permis de m’enfuir. Le klaxon en réalité n’avait rien à voir avec moi. Personne n’avait remarqué que dans cette ruelle, une fillette se faisait agresser. L’homme couru après moi, mais cette fois, question rapidité, l’enfant dépassait l’adulte. Les larmes coulaient le long de mon visage. Je me sentais sale. La rêve tournait avait tourner au cauchemar. Après de longues minutes de courses, j’arrivai sur le seuil de ma maison. J’étais épuisée, enragée. Je séchai mes larmes. Me recoiffa tant bien que mal. Enleva la poussière de ma robe. Je ne parlerais de cela à personne. Jamais.

Un haut-le-cœur me fît retourner à la réalité. Je tentât de chasser le souvenir de jour qui avait changé ma vie. Après cela, je devins une peste. Je répondais à tout le monde, mes résultats scolaires étaient en chute libre. Mais je n’avais qu’une idée en tête : Me venger. Maintenant, cela avait changé. Oh, j’avais toujours cette haine omniprésente envers les hommes, certes. Mais je ne voulais plus me venger. A quoi bon ? Je n’avais pas la force de rechercher cet homme. L’idée de me retrouver une fois de plus en face de lui me donnait envie de vomir.

« Oh ! Et si tu sors le soir, essaie de rentrer discrètement parce que même si nous sommes souvent absents, les rares jours où nous dormons ici sont... sacrés. Souvent veille d'exams. »

J’hochai de la tête, l’air entendu. Et, sans un regard pour Ed, j’attrapa mon sac de cours et m’en alla. J’articulai tout de même un « Au revoir ». Pas question qu’il me demande ce qu’il n’allait pas. Je fis mine d’aller bien. Cet exercice, je le faisais depuis toute petite. J’étais devenue maître en la matière.